SUD-OUEST - 2 août 2006
Première de « l'Elixir de Pardaillan », joué par les habitants de la ville, programmée demain

Au service de Pardaillan

Pour la cinquième édition des Journées de Pardaillan, la petite commune de Gensac se transforme en théâtre à ciel ouvert. Le village de 850 âmes se mobilise, et la place de la Mairie, avec ses maisons anciennes, sert de décor naturel aux quatre représentations. Qualifié de « spectacle intelligent » par ses concepteurs, c'est surtout un spectacle « fait avec les tripes des gens, » assure Stephane Pierret, vice-président de Gensacc-Promotion.
Le projet est né d'un constat. « On s'est aperçu que, dans les villages ruraux, la communication entre les habitants s'affaiblit. On a alors eu l'idée de créer un lien social pour fédérer les énergies et mettre en valeur le site », précise Stéphane Pierret.


Le village de Gensac est entièrement mobilisé pour l'occasion, comme ici lors du spectacle 2005
PHOTO STEPHANE KLEIN


Le talent. La centaine de bénévoles qui s'investissent dans le projet se prennent au jeu. « Tous les acteurs sont des amateurs, ils se révèlent. Ca les aide aussi dans la vie de tous les jours car la scène est une excellente thérapie, on se rend compte qu'il y a des choses qu'on sait faire alors qu'au début on ne s'en croyait pas capable », raconte Claude Pigeon, auteur des dialogues, qui a vécu lui aussi ces étapes de doute existentiel.
Le spectacle est le fruit d'une année de travail. Costumes, décors, affiches, plaquettes, promotion, tout est fait par les bénévoles, tout est géré par les habitants du bassin de Gensac. Un savoir-faire se crée au fur et à mesure, avec comme récompense un spectacle complet et la fierté des bénévoles : « On a tous besoin les uns des autres, chacun apporte sa pierre à l'édifice », ajoute Patrice Pauletto.

L'histoire. Pardaillan, baron issu d'une importante famille périgourdine, n'avait que deux choix : les armes ou le monastère. Il a choisi d'être chevalier. Au gré de sa vie il a combattu, s'est enrichi et a « culbuté moult damoiselles » comme le dit la légende. Il a fini sa vie en 1621, assassiné à Gensac, dans la « maison aux chats » qui surplombe le décor de l'actuel spectacle. Le Pardaillan du spectacle s'inspire de la vie du vrai personnage, mais une légende se greffe autour. « Nous n'avons jamais voulu faire une reconstitution historique, c'est du théâtre, du spectacle de rue. »
Chaque année, une nouvelle aventure de Pardaillan est mise en scène par les habitants de Gensac. « L'Elixir de Pardaillan » raconte le vol de testament qui prive Pardaillan de l'héritage de son père. Au dos du document se trouve la fameuse recette de l'élixir qui permet d'« assaillir votre compagne dix fois par nuit ». Or, seules les vignes du père de Pardaillan peuvent produire le breuvage. Le dénouement de cette intrigue attend les spectateurs pour une représentation accessible à tous, «une farce intelligente, avec des moments grivois mais jamais vulgaires ».

Vincent Patrin